Les auteurs
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Cédric Alber
Perçue comme un petit bourg provincial par bon nombre d’habitants de son illustre voisine Genève mais comme un chef-lieu hautain par plus d’un Payernois ou d’un Sainte-Crix, Lausanne cultive les paradoxes. Quatrième ville de Suisse en nombre d’habitants, pionnière en matière de développement des transports publics, capitale olympique, siège d’un grand nombre de multinationales, terre d’accueil du Ballet Béjart, de l’ECAL – Renens nous pardonnera cette petite imprécision géographique – et de l’EPFL, Lausanne a tout d’une grande.
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Asha Amnour
Elle avait rendez-vous pour baiser, rien que pour baiser et jouir, ils allaient «s’encrouyer », lui avait-il dit, et depuis Paris où elle s’était assise dans le TGV, incapable de lire ou de fixer son attention sur le paysage, elle ne pensait qu’à ça. Mélodie aimait faire connaissance en marchant. Dès ses premiers pas hors de la gare de Lausanne, elle comprit que la ville cachait quelque chose tant la vie semblait avoir pris ses quartiers. Les trois chauffeurs de taxi qui la harponnèrent ne réussirent pas à la convaincre à cause de leur accent portugais. Elle voulait voir des vrais Suisses, pas des étrangers. Elle chercha le métro, il était en travaux ; avec un soupir, elle entama la côte pavée de la rue du Petit Chêne tirant tant bien que mal sa valise à roulettes qui sautillait désagréablement derrière ses talons aiguilles.
Obligée à se concentrer et avancer à petits pas d’une démarche précautionneuse, elle se demanda comment faisaient les autres et son regard observa les pieds et les jambes de ceux qui descendaient ; des montagnards… à chaussures plates et vêtements tristounets. Plus elle montait plus le crépuscule descendait. Des odeurs graisseuses de hamburgers mêlées au kebab lui firent un haut-le-cœur.
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Fabrice Aubert
La nuit, un monde à part où pendant quelques heures on déconnecte
Loin des soucis place à la fête, on flirte avec la limite du correct
La nuit, tous les chats sont gris, les champs sont libres, les gens sont ivres
Kimmo Belman
« Verret… Verret… Verret… et goaaaaaaal! Rete di Claudiño Verret! » Au micro de Radio Acidule, Paul Magro fait exploser mon petit poste de radio. C’est ainsi que je découvre le Lausanne Hockey Club dont les matches occuperont dès lors la plupart de mes mardi et samedi soirs de septembre à avril. Passionné de hockey, je me laisse emporter par la ferveur entourant les Lions de la capitale vaudoise et me rends pour la première fois au Centre Intercommunal de Glace de Malley (CIGM) un certain 4 avril 1995.
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Mathieu Coutaz
Au cœur de Lausanne, des zones urbaines maîtrisées, côtoient des zones industrielles aux codes différents, aux fonctions particulières. Sans surprendre personne. eux mondes situés à quelques centaines de mètres l’un de l’autre évoluent à des rythmes différents: en haut, le quartier de la clinique Cecil, accompli, bourgeois, à la circulation aboutie, presque immuable. A ses pieds, le quartier de Sévelin, inachevé attend sa métamorphose prochaine.
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Virtual Dandy
Nous étions à Paris en 1921. Pourquoi cette date? Nous l’ignorions. L’exercice de premier niveau consistait à lâcher les explorateurs dans les profondeurs du temps de manière aléatoire. Cela se passait d’habitude aux aurores. Une sirène retentissait dans un hurlement rougeoyant et avant que vous n’ouvriez l’œil, la machine vous aspirait et vous projetait dans les plis de l’espace-temps. L’exercice de survie tournait parfois au désastre et certaines recrues n’étaient jamais réapparues à temps pour l’appel nominatif qui avait lieu dans la cour de l’école d’exploration de l’espace-temps. Ce matin-là, nous avions été réveillés de manière abrupte et nous déambulions maintenant sur le trottoir du Boulevard Haussmann. La foule des années folles se dandinait devant nous. Les femmes aux cheveux courts et aux regards effrontés sortaient des Galeries Lafayette les bras chargés de sacs en papier coloré. Les hommes se promenaient en groupe, hélaient un taxi ou lisaient la presse tout en marchant. La devanture d’un kiosque à journaux nous apprit que nous revivions le samedi 3 juillet 1921.
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Thierry Delèze
Gamin, Lausanne, c’est d’abord ma grand-tante. Une vraie Lausannoise, elle. Véritable encyclopédie des rues de la ville, elle en connaissait tous les recoins. Sa maîtrise des différentes lignes de bus me fascinait. Ma grand-tante, c’était ma citadine à moi. Adolescent, Lausanne, c’est la grande ville. Celle des premiers concerts, des sorties nocturnes. Ivresses urbaines, sentiment de liberté. Depuis Morges, on «monte» à Lausanne. C’est en tant qu’étudiant que l’identification à Lausanne est la plus forte.
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Jean-François Duval
Comme la vraie vie, Lausanne est ailleurs ; et son calme, aussi bien que celui de toute la Riviera, trompeur. La rédaction du journal où je travaillais, sise avenue de Villamont, ne dérogeait pas à cette règle d’apparente douceur des choses et de tranquillité. Chaque matin, j’arrivais par le train de Genève où j’habitais, remontais l’avenue de la Gare, traversais l’avenue du Théâtre, puis grimpais l’avenue Villamont jusqu’au numéro 17.
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Justin Favrod
Victor Hugo voyait Lausanne comme un escalier. Il en a saisi l’essence dans quelques mots. Le bas ou le haut. Ma mère, plus pratique que l’auteur de la Légende des siècles, rapporte cette boutade : quand il y avait encore des poules à Bellevaux, les paysans les munissaient d’un petit sac dans lesquels elles pondaient directement. Sans cela, les œufs auraient roulé jusqu’au Léman. Longtemps, les archéologues ont pensé l’histoire de Lausanne comme une simple montée : à l’époque de la Paix romaine, le vicus se trouvait à Vidy servant d’étape aux marchandises destinées à armer et à entretenir l’immense armée du Rhin.
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Marco Ferrara
Tu me permettras de te tutoyer, désormais. Si notre liaison est récente, Lausanne, nous nous fréquentons depuis un certain nombre d’années. Tu m’as fait transpirer plus d’une fois, avec tes reliefs et tes côtes châtiant les pressés. Admire-toi dans le miroir: tu n’y verras guère de quiche aux lardons parsemés, mais plutôt cette cité savoureuse au diamètre idéal. Il faut aussi dire que ta convivialité s’apprécie. Tout comme ton caractère franc: tu ne balades personne pendant des heures.
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Magali Floris
Gare, métro, trolleybus, boulot, ascenseur, trolleybus, gare. Le pendulaire traverse une montagne urbaine, longe une vallée industrielle, contourne des bâtiments sécurisés pour finalement accéder à un lieu de travail, qui à vol d’oiseau semblait pourtant à deux pas de la gare. Le pendulaire ne comprend pas pourquoi autant d’humains ont décidé de se sédentariser ici. La ville a été construite sur un terrain pentu, vallonné, tordu. Planter des vignes, construire un parc d’attractions ou un accélérateur de particules aurait probablement été plus rentable, se dit le pendulaire.
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Barbara Fournier
J’avais cinq ans, des boucles blondes relevées en chignon, une robe rose pâle et un petit collier de perles assorti. J’attendais mon arrière-grand-mère qui mettait une dernière touche à sa toilette. Elle avait cette élégance exquise qui n’est tributaire ni des gens ou des lieux, ni des habitudes ou des apparences, et qui relève jusqu’au délice le goût de la liberté de l’être. Pendant qu’elle abaissait sa voilette mouchetée sur ses yeux, moi, je traversais le miroir du temps. Je l’imaginais alors mi-enfant mi-femme dans cette confiserie de Monte-Carlo qu’elle m’avait décrite cent fois. Je la voyais servir le thé et des petits sablés à ce Roi d’Europe qui voyageait incognito et qui revint tous les jours pendant un mois pour le seul plaisir de la regarder et de converser avec elle…- Bon, Babizon, tu es prête ? On y va! Prends le cabas à commission.
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Malka Gouzer
Genevois : – «Pour nous les Genevois, Lausanne ça n’existe même pas. C’est tout au plus un charmant petit hameau que nous traversons occasionnellement pour nous rendre à Gstaad ou à Verbier.»
Lausannois : – «Ces pauvres Genevois, toujours dans le brouillard.»
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Joël Guillet
La barre de fer que Pierre-Alain glisse dans l’interstice m’offre une vue panoramique au ras du bitume. Je reconnais le bâtiment de l’UBS, le Grand-Pont, le parking devant la libraire Payot. Il est deux heures quinze du matin à la rue Centrale. Alléluia, personne ne réagit au couvercle de fonte qui se soulève du trottoir. «Regarde, regarde, les filles!» A leur approche, Pierre-Alain abaisse pourtant prestement la lourde chape corrodée. Les jolis slips des Lausannoises (à l’époque, elles ne portaient pas de strings!), ce sera pour une autre fois… Ces balades nocturnes et prohibées dans les égouts du chef-lieu s’opèrent à partir d’une trappe discrète, derrière une petite colline à la Vallée de la Jeunesse.
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Ian Hamel
C’était il y a fort longtemps, au siècle dernier. Séjournant en Amérique du sud, puis en Afrique, je collaborais au Journal de Genève et Gazette de Lausanne. Cette publication d’«audience internationale», quoique fort modeste par le tirage, offrait d’incomparables avantages. D’abord, elle acceptait des reportages intemporels (qui, aujourd’hui, n’intéressent plus les médias) et les publiait en première page. Ensuite, c’était une formidable carte de visite.
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Noritoshi Hirakawa
En 1997, je me suis rendu à Lausanne pour rencontrer Monsieur Weissbaum qui était chauffeur de camion. Je fus intrigué par le lieu du pont Bessières car tous les gens que j’avais rencontrés en Suisse m’avaient parlé de ce pont lorsque je leur évoquais la notion de suicide. Ainsi, le pont Bessières devint pour moi un lieu culte, et je ressentais une très forte attirance des habitants de Lausanne pour ce lieu, expression du désir.
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Roland Jaccard
L’été de mes dix-huit ans, je l’ai passé à la piscine Montchoisi. J’avais mon bac en poche et une joyeuse bande de copains. Nous attendions le moment où la caissière dirait avec un fort accent vaudois : «Maintenant, nous allons faire les vagues…» pour nous précipiter dans le bassin. Nous nous affrontions aussi des heures durant au tennis de table. Et, bien sûr, nous draguions. Certains se prenaient pour Lord Henry dans Le Portrait de Dorian Gray, d’autres pour des poètes encore méconnus, d’autres enfin pour de fins stratèges qui nous assuraient qu’il n’y a pas de forteresses imprenables, il n’y a que des forteresses mal assiégées.
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Pierre-Yves Lador
Ce qui fait la ville, c’est les bâtiments, les rues, les fonctions, les gens, c’est un organisme vivant. Ce qu’on oublie c’est que, comme pour l’homme, comme pour l’univers, le plus important pour la ville, c’est le vide. L’homme compte 99,99 % de vide, environ. Lausanne est une ville qui a conscience de son vide. C’est le vide qui permet la vue, le dégagement. Ce qui fait la différence entre le rat et l’homme, c’est la station verticale, qui favorise la vue. Lausanne est une ville debout, de trois cent septante-cinq mètres à huit cent septante-cinq, cinq cent mètres de dénivelé, d’élévation, et des terrasses, des tours, des balcons, des escaliers, des ponts, des tunnels, belvédères innombrables.
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Selsa Maadi
Le quidam qui arpenterait nonchalamment les rues pentues lausannoises, pourrait-il se laisser surprendre au détour d’une rue pavée par un signe quelconque ayant trait à la bande dessinée ? Outre les quelques librairies qui y sont spécifiquement dédiées, signes tangibles du 9e art dans les murs de Lausanne, force est de constater que le lien entre Lausanne et la bande dessinée semble quelque peu ténu. Certes, la cité lémanique a eu la bande dessinée tatouée à fleur de peau ou plutôt à fleur de mur lorsque le 14 février 1991, le vaisseau spatial Utopia, sorti tout droit du cerveau génial de l’auteur de science-fiction Philippe Druillet, atterrissait sur la façade du numéro 6 de la place de l’Ours sous la forme d’une fresque géante de 200m2.
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Gilles Martin
Combien sommes-nous? 10 000, 20 000, 50 000? L’office cantonal de la statistique dit 182 943 pour toute l’agglomération lausannoise, y compris les écoliers et les étudiants. «Les chiffres datent de 2000», s’excuse-t-on. Nous sommes donc encore plus nombreux aujourd’hui. Chaque matin, trains, métros, voitures, bateaux, voire bicyclettes et trottinettes débarquent dans la capitale vaudoise leur lot de pendulaires. J’en suis.
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Giuseppe Melillo
Il est deux heures trente du matin, la journée de jeudi vient de se terminer avec le concert de Julien Doré aux Docks à Lausanne. Il est touchant ce garçon, comme un enfant. Nous nous sommes fait la bise au bar en partant, et nous nous sommes revus un peu plus tard sur le parking, et il m’a tendu un joint que des groupies lui avaient offert… Il ne parvenait à quitter les lieux et à rejoindre son équipe dans l’énorme bus gris métallisé et aux vitres teintées qui ressemble à une prison et qui lui sert d’hôtel apparemment. C’était son premier concert en Suisse et Julien était ému et malade surtout. Une quinte de toux a interrompu sa première chanson au bout de la deuxième mesure. Mais il s’est repris et a terminé en beauté par une chanson, Dolce vita, pour une certaine Elsa. Elle s’appelait en réalité Geneviève. C’était une fan qu’il avait fait monter sur scène et à qui il jouait du ukulélé à la manière d’une mandoline…
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Martial Meseiller
Lausanne, comme dans de nombreuses villes de province, prospéraient des artisans qui parvenaient encore à la courbure du siècle, juste après la Deuxième Guerre, à maintenir une activité prospère sous une modeste enseigne au coeur de ces bourgs prêts à être modernisés. Ainsi travaillait l’oncle Fritz. Tailleur renommé, il habillait les grands comme les petits, les ronds comme les secs et donnait à chacun de ses clients l’opportunité de mettre en valeur sa physionomie.
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Stéphane Montangero
Quatre saisons
Quel que soit le temps, des dizaines de personnes consacrent chaque semaine une bonne partie de leurs loisirs à aller à la rencontre de la population, de manière à pouvoir l’informer, qu’elle puisse poser des questions, et surtout pour que notre démocratie reste vivante. Entre les étals de choux, de fromages ou de pommes, fleurissent les stands politiques. A Lausanne, la principale place pour cette activité est la Palud. Voici quatre tranches de vie, reflétant bien davantage d’expériences citoyennes.
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Grégoire Napey
Je n’ai eu l’impression d’exister dans ma ville – et de vraiment l’aimer – que lorsque j’ai pris l’habitude d’arpenter les trottoirs de mon quartier avec mon fils, puis avec sa petite sœur. Soudain, on s’est intéressé à moi. Ou plutôt à eux, petites choses en début de vie. Une fois devenu père ou mère, vous continuez à fréquenter votre boulanger avec la même fréquence qu’auparavant. Simplement, la vendeuse, toujours ce même visage auquel vous ne prêtez aucune attention particulière depuis des années, et elle pas davantage à vous, se met à sourire, puis à parler à vos enfants chéris. Au début, vous n’y prêtez pas particulièrement attention.
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Dirk Newman
Je résume. Hier soir, Alexia et moi sommes allés boire un verre au Lausanne Palace qui vient de refaire sa déco dans le style des années cinquante. Alexia portait une robe très courte jaune canari sans manches, avec une couture horizontale à la hauteur de la poitrine, genre Courrège années 60. Ce qui lui permettait de montrer ses jambes longues et fines. Je ne me privais pas du plaisir de les admirer et cela me réjouissait le coeur. Il faisait très chaud, mais nous nous étions installés à l’intérieur à l’abri du vent et des regards. Alexia avait voulu me remettre ses tout premiers manuscrits.
– J’en ai honte, m’avait-elle dit en sortant d’un sac de jute deux volumineux recueils de photocopies. Le premier avait pour titre Fragments et le second Mosaïque. Textes épars sur l’art de mourir d’amour que je feuilletai avec avidité.
– J’étais incapable d’écrire des textes longs parce que ma vie était faite comme ça de morceaux sans lien entre eux, dit Alexia.
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Loyse Pahud
Ils sont quelques garçons et une fille à se poursuivre en sortant du collège de Béthusy. La fille a attrapé la serviette du garçon qu’elle aime en secret, elle court à travers le préau, traverse l’avenue de Béthusy, passe le kiosque de la Nénette devant lequel, plus tard, quand elle aura son vélo Solex, elle traînera des heures avec ses copains, s’enfile sous les arbres qui bordent le parc Mon-Repos, descend sous la tourelle crénelée, prend le passage étroit qui mène à la grotte et lance la serviette au plus profond de celle-ci. Puis elle sort par le bassin qui s’ouvre devant la grotte, nargue ses poursuivants, faisant mine de fuir le garçon qui réclame son cartable tout en se laissant attraper. Il y a très peu d’eau au fond de la vasque, mais des feuilles noircies, des paquets de cigarettes écrasés, des bouts de bois. Devant le gouffre de la grotte, la cascade qui ruisselle aujourd’hui en rideau, restaurée depuis une dizaine d’années, pissote à peine.
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Carole Pantet
Dis Carole, écris-moi un texte sur Lausanne! A priori, j’aurais encore préféré dessiner un mouton, et j’ai pourtant le talent d’un enfant de 4 ans dans le domaine. Et puis en y songeant un peu plus, je me suis dit que l’exercice pouvait être drôle. Moi l’Yverdonnoise, devenue Lausannoise depuis à peine 3 ans, je vais vous conter comment j’ai apprivoisé LA grande ville du canton. Petite, je la voyais comme une mégapole dans laquelle on venait ponctuellement faire des achats. Et puis, phénomène classique, plus j’ai grandi, plus la ville a rétréci. Ce n’est pas pour autant que j’ai compris Lausanne. «Bon sang, La Cité semble pourtant à côté de la rue Centrale sur la carte!» La ville m’a longtemps narguée avec ses courbes, ses collines, ses ponts et ses vallées. Ce n’est pas pour rien que les fesses des Lausannoises sont renommées loin à la ronde, sculptées par le dénivelé.
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Rémy Pautrat
Je me demandais bien ce qu’elle pouvait trouver dans cette foutue ville de Lausanne. Lorsque je vous parle d’elle. Je parle de Virginie. Virginie, 26 ans, des jambes interminables. La peau satinée. Des notes de gingembre. Des envolées de musc. Du miel. Fatale. Animale. Mannequin à ses heures perdues et dûment draguée un après midi de juin 2009 en plein cœur de Paris. Ca je m’en souviens très bien. Je me souviens très bien même : elle était assise juste en face la Fnac Montparnasse. Diabolique. Dans ses mains, un épais livre type album photo glacé qu’elle parcourait sensuellement. Elle était là. Sucrée. Et vous savez quoi ? Moi aussi.
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Pascal Pelegrino
J’ai toujours cru que le centre du monde se situait à la Gare de Lausanne. Pour le gamin que j’étais, tous les chemins qui menaient à Rome partaient automatiquement de cette imposante bâtisse. Le Simplon-Orient-Express en était la preuve éclatante. Je n’ai jamais eu de fascination particulière pour les trains, mais celui-ci, je l’observais avec minutie, le scrutais, l’admirais les rares fois que j’avais l’occasion de le voir attendre sur le quai, imposant, gracieux, avant qu’il ne quitte son escale vaudoise pour Milan, Vérone, Venise, Zagreb, Belgrade, Sofia, Istanbul, Athènes… Chacune de ces destinations rallumait le rêve et, en tant que lecteur gloûton des romans d’Agatha Christie, j’imaginais qu’en ces voitures mythiques rôdaient encore les fantômes d’Hercule Poirot et de la princesse Dragomiroff.
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Emmanuelle Robert
Tout être humain doué de raison et qui débarque à Lausanne par le train s’en est un jour fait la réflexion : cette ville est malfoutue. Histoire de mériter ses lauriers de capitale olympique, le chef-lieu vaudois gratifie ses résidents et ses hôtes de passage d’une singulière aberration : pour rejoindre le centre ville, il faut monter. Que dis-je monter, le mot est faible!
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Mathieu Signorell
Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits trous.» Serge Gainsbourg aurait pu écrire sa célèbre chanson en hommage à la ville de Lausanne. Car elle ressemble à s’y méprendre à l’un des billets manipulés par le poinçonneur des Lilas: trouée de toute part. Des tunnels, on en trouve un peu partout en ville, pour faire passer les piétons, les voitures, les trains, les métros et même les ordures. Avec ses collines, ses vallons et ses pentes, Lausanne ne peut pas s’en passer! Les derniers en date et les plus impressionnants de tous, ce sont les huit tunnels du métro M2, en chantier de 2004 à 2008. Ils représentent, mis bout à bout, près de 6 km.
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François Schaller
Pour bien sentir les mauvaises relations entre Lausannois et Genevois, rien de tel qu’un bon Jurassien de Porrentruy (agglomération de Sochaux-Montbéliard-Belfort). Venu à Lausanne à l’âge de dix ans, pour y rester à peu près toute sa vie. Je ne me suis pourtant jamais senti vraiment Lausannois. Lorsque j’étais en internat du côté d’Estavayer-le-Lac, chez les pères salésiens, il y avait des Genevois. Des vrais, catholiques des bords de l’Arve. Ou presque vrais, d’origine fribourgeoise, mais nés à Genève. Nous étions très amis. J’allais parfois chez eux le week-end. J’étais un supporter du FC Servette. Je me sentais presque Genevois.
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Alberto Tikulin
Depuis quelques années, les transports publics se sont notablement améliorés à Lausanne, le plus souvent aux dépends du transport individuel. Mais, malgré des obstacles toujours plus nombreux, les automobilistes ne sont pas prêts d’abandonner leur voiture. «Bloqués par le trafic, les secours n’ont pu arriver à temps sur les lieux de l’accident. L’enfant grièvement blessé, n’a pu être sauvé à temps». Cette ébauche d’article n’est heureusement que pure invention. Les secours arrivent rapidement sur place en ville de Lausanne, mais pour combien de temps encore?
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Pierre Thomas
J’y suis né, par les hasards d’un professeur d’obstétrique. J’y suis revenu parce que la ville concentre — ou concentrait… — une notable part des sièges des entreprises du quatrième pouvoir. Du moins avant que la presse soit contrôlée par Zurich, une partie du plus huppé des parcs immobiliers — avec la plate-forme du Flon — par des Lucernois et la demi-friche industrielle du Palais de Beaulieu par des Bâlois. Même à Lausanne, tout fout le camp, signe d’indéniable post-modernité.
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Ray Venturi
Peu de gens sont au courant de cette affaire dont Lausanne a été le théâtre. Pour la connaître, il faut en effet se plonger dans la traduction du latin en français d’un manuscrit médiéval conservé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan, intitulé Mort de Pilate, et composé au XIIIe siècle. On doit au deuxième volume des Ecrits apocryphes chrétiens parus dans la Pléiade en 2005 d’avoir mis ce texte, issu d’une source plus ancienne encore, Historia Apocrypha (XIe siècle) à la disposition du grand public. Nous tenons donc l’essentiel de ce qui suit de la consultation de Mort de Pilate, et de la bouche de Jacques-Noël Pérès, professeur de théologie et de patristique à Paris, spécialiste de l’éthiopien classique, qui en a rédigé l’introduction.
M. Pèrès rappelle que «les informations historiques sur ce qu’il advint de Ponce Pilate après la crucifixion du Christ ont, durant des siècles, suscité une énorme curiosité populaire. Cette curiosité était d’autant plus grande que les informations sur le sujet restaient très lacunaires, voire contradictoires.» Or, partie de la réponse se trouve à Lausanne.
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Jean-Brice Willeminn
Les séductions de Lausanne sont devenues faciles d’accès depuis fin 2008, depuis que la ville est entrée dans le 21ème siècle grâce au nouveau métro M2. Il lui donne une colonne vertébrale irriguée de belle façon par la station du Flon. Ce nouveau centre nerveux de la ville permet de rejoindre quelques uns des lieux de vie pour moi en quatre-cinq minutes à pied.
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